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L’idéologie plutôt que la science? – Non à l’interdiction des «thérapies de conversion»!

Certaines thérapies seront-elles bientôt criminalisées?
Andrea Geissbühler
ancienne conseillère nationale Bäriswil (BE)

En été 2022, mes collègues du Palais fédéral à Berne ont reçu un volumineux courrier provenant de Bâle-Ville, intitulé «Interdiction des thérapies de conversion en Suisse» et qui contenait le texte d’une initiative cantonale acceptée par le Grand Conseil de Bâle-Ville.

Cette initiative le doit à un ancien parlementaire cantonal qui, selon ses propres informations, s’engage depuis 2005 auprès de la plateforme GayBasel «pour une culture queer dans la région bâloise». Ou, en clair: fait du lobbyisme pour la communauté LGBTQ.

L’initiative déposée par Bâle-Ville appelle à interdire les «thérapies de conversion» au niveau national et vise à ce que les thérapeutes et les ministères pastoraux soient bloqués par une interdiction d’exercer leur profession. Selon les auteurs de l’initiative, les thérapies de conversion sont des «thérapies psychologiques visant à ‹repolariser› les tendances homosexuelles d’une personne vers l’hétérosexualité ou de changer l’identité sexuelle des personnes concernées».

L’expression «thérapie de conversion» est une notion volontairement confuse qui rend impossible tout débat à ce sujet sur la base de faits scientifiques.

Si l’«autodétermination sexuelle» prônée par le lobby LGBTQ doit devenir une référence, alors il est impératif de rejeter l’interdiction des «thérapies de conversion». En effet, une telle interdiction serait complètement contraire aux droits fondamentaux constitutionnels comme le droit à la liberté personnelle (art. 10), de conscience et de croyance (art. 15), d’opinion et d’information (art. 16). De plus, son application serait arbitraire, car qui effectuerait les contrôles, et qui déciderait de ce qui est interdit, et à quel moment? En raison du flou entourant cette notion, les thérapeutes et les ministères pastoraux devraient à tout moment craindre une interdiction d’exercer, les empêchant ainsi de soigner ou de conseiller les patients. Concrètement, conseiller un adolescent insécurisé à propos de sa sexualité pourrait être assimilé à une «thérapie de conversion» et passible de poursuites légales. Bien entendu, il est important que chacun puisse à tout moment entamer une thérapie et l’interrompre à son gré.

Bâle-Ville n’est de loin pas le seul canton qui réclame l’interdiction des «thérapies de conversion» au niveau national: dans le canton de Zurich, une motion dans ce sens a été acceptée au Grand Conseil ce mois-ci, malgré l’opposition du PLR, de l’UDC et de l’UDF. Il serait pourtant bien plus judicieux que des individus mal assurés dans leur identité sexuelle puissent continuer à être conseillés en toute transparence, sans être immédiatement confrontés à l’épouvantail d’une «thérapie de conversion» brandi devant eux.

Mais les ardents lobbyistes LGBTQ qui défendent cette idéologie au mépris de toute base scientifique n’en sont pas à une contradiction près: en effet, pourquoi faudrait-il, compte tenu de l’augmentation incessante des primes, que les caisses-maladies payent les coûteuses opérations de changement de sexe, qui sont extrêmement invasives pour l’intégrité physique d’une personne, alors que les consultations professionnelles par des thérapeutes et des ministères pastoraux pour les individus en quête d’aide seraient interdites?

Le Conseil des États, lors de sa récente session d’automne, a donné un signal clair en refusant cette interdiction anticonstitutionnelle des «thérapies de conversion». Il appartient désormais à mes collègues du National d’emboîter le pas au Conseil des États et de refuser clairement cette initiative cantonale.

Andrea Geissbühler, ancienne conseillère nationale,
présidente de l’Association Initiative de protection, Bäriswil (BE)